Classification

Cinq grandes écoles pour regrouper les familles typographiques

Les polices de caractères sont triées par styles, histoire que l’on s’y retrouve un peu. Il existe probablement d’autres manières de les classer. Ci-dessous, voici les classements typographiques les plus utilisées.

1920-1924 • Classification Thibaudeau

Elle est basée sur la forme (ou l’absence) des empattements des lettres. C’est la plus facile à utiliser.

Manuel de Typographie et de mise en page, François Richaudeau, Éditions RETZ, 1989

1953-1962 • Classification Vox Atypi

Vox Atypi créee par Maximilien Vox lors des rencontres de Lure-en-Provence.

En typographie, la classification Vox-Atypi permet de classer les polices de caractères en onze grandes familles.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_Vox-Atypi

Le classement des différentes typographies

Les Humanes

XVIe Siècle / Premiers caractères latin gravés. Inspirés de l’écriture calligraphique (à la main) des membres de la chancellerie de Venise. Caractères qui se reconnaissent par leur contraste faible entre les pleins et les déliés. Empattement mi-gras. La barre transversale du « e » est légèrement inclinée.
Influence calligraphique forte.
Connotations : 16e siècle, noblesse, littérature, patrimoine…
Typographies connues : Jenson, Mayola


Les Garaldes

XVIe Siècle / Claude Garamont (Garamond), Alde Manuce (Italique) > GAR – ALDE
Caractères qui se reconnaissent par l’axe des pleins et des déliés inclinés.
Beaucoup plus beau. Contraste entre les pleins et les déliés plus marqués. La barre du « e » est à présent horizontale.
Connotations : littérature, élégance, noblesse
Typographies connues : Garamond, Bembo, Sabon


Les Réales

Époque de Louis XIV
Caractères des deux familles précédentes qui sont redessinés avec une règle et un compas
Contraste entre les pleins et les déliés qui continuent d’augmenter.
Connotations : littérature, administration, sérieux, agréables à lire.
Typographies connues : Baskerville, Caslon, Times New Roman


Les Didones

La famille tire son nom de la dynastie Didot (en France) et Bodoni (en Italie).
Déliés de plus en plus fins. Pleins de plus en plus gras (possible grâce au papier vélin).
Connotations : aristocratie, préciosité, peu utilisé pour les textes longs plutôt pour de l’affichage.
(couverture du magasine Vogue)
Typographies connues : Didot, Bodoni


Les Mécanes

Milieu du XIXe S / Son nom vient de l’époque de la révolution industrielle (industrielle – mécanique – mécanes). Les empattements deviennent gras, voire rectangulaires. Naissance du caractère gras dans la typographie. Les pleins et déliés sont de moins en moins contrastés.
Connotations : Populaire, machine, publicitaire, élitiste
Typographies connues : Clarendon, Menphis, Rockwell,
Plus beaucoup utilisées au début du XXe. Mais en 1950, avec le Jazz, elles reviennent sur le devant de la scène (Label Blue Note Records).


Les Linéales

Caractères sans empattements. (beaucoup plus simples à dessiner que les serifs par les jeunes typographes mais beaucoup plus durs à lire). Absence de connotations marquées, donc assez passe-partout.
Connotations : neutre, objective, polyvalent
Typographies connues : Futura, Helvetica (couteau-suisse de la typographie), Gill Sans, Akzidenz-Grotesk, Univers


Les Incises

Caractères avec des empattements mais qu’on ne voit presque pas.
S’inspirent du tracé des lettres qui sont gravées dans la pierre (taille lapidaire).
Connotations : classe, élégance, cosmétique (anti-âge, votre beauté ne bougera pas)
Typographies connues : Optima (Herman Zapf), Copperplate Gothic, Lithos


Les Scriptes

Caractères qui imitent l’écriture manuscrite. Les lettres sont reliés entre elles.
Elles semblent être écrites à la plume, avec une forte inclinaison.
Scriptes précieuses : faire-part de mariage, administration
Connotations :
Typographies connues : Mistral, Plumero, Bello


Les Manuaires

Tous les caractères qui imitent l’écriture manuscrite d’avant l’invention de l’imprimerie. Les lettres ne sont pas reliées entre elles, elles sont espacées entre elles.
Connotations : celtique, héroïque fantaisie, populaire, fait à la main, convivial
Typographies connues : Banco, Choc, Springtime


Les Fractures

Caractères dit gothiques. Caractères massivement utilisés par les Allemands. Nés en France et en Angleterre. Encore utilisés sur les diplômes de grandes écoles en Angleterre.
Connotations : black métal, très peu lisibles
Typographies connues : Textura, Fraktur


Les Gaéliques

Le type gaélique a été ajouté à la classification lors de l’AGM de la réunion de Dublin d’ATypi le 12 septembre 2010 en tant que partie de la famille des caractères d’inspiration calligraphique.


Caractère Non Latin : Formes étrangères

Ajoutées à la classification pour garder le caractère international.
Cette famille est hétérogène puisqu’elle regroupe, sans distinction de style, toutes les écritures non fondées sur l’alphabet latin : hébreu, arabe, chinois, russe, etc.

Classification de classification !

Les familles peuvent être regroupées entre elles :

  • les Humanes, Garaldes et Réales constituent la famille des caractères « classiques »
    (empattements triangulaires, axe plus ou moins incliné, faible contraste plein-délié).
  • les Didones, Mécanes et Linéales constituent la famille des caractères « modernes »
    (période industrielle : traits simples, fonctionnels).
  • les Incises, Scriptes et Manuaires constituent les caractères d’« inspiration calligraphique ».

1958 • Classification Novarese

Aldo Novarese, typographe italien contemporain, créateur de nombreux CARACTERES pour la fonderie Nebiolo à Turin, propose une classification en 10 familles à partir de la forme des empattements.

http://yharel.free.fr/data/informatique/logiciels/bureau/traitement_de_texte/typographie/typographie_caracteres.htm

1979 • Classification Alessandrini / Codex 80

Depuis l’envolée de la photocomposition, les techniques éléctroniques de déformation des lettres et plus encore la souplesse et l’économie permis par les planches-transfert, ont engendré une explosio de nouvelles créations de craractères : du néo-classique au baroque le plus délirant. C’est ce qui à conduit Jean Allessandrini à proposer une nouvelle classification plus adaptée à ce nouvel environnement graphique : dite Codex 1980.

Manuel de Typographie et de mise en page, François Richaudeau, Éditions RETZ, 1989
Classification Alessandrini

1980 • La Grille de Jacques Bertin

Jacques Berni, auteur de l’ouvrage fondamental Sémilologe graphique [Gauthier-Villars-Mouton, 1967], extérieur au micro-milieu des graphistes, propose non pas une classification typographique, mais une grille de 11 facteurs dits « variables indépendantes » à la base de la perception du lecteur.

Manuel de Typographie et de mise en page, François Richaudeau, Éditions RETZ, 1989
Grille de Jacques Bertin, https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_1980_num_45_1_1369


Les sites de typographies « simplifient » le classement typographique.
Sans Serif / Serifs / Display / handwriting…

Capture d’écran / Site I Love Typography
Capture d’écran / Site Google Fonts

Sources pour la rédaction de cet article :

  • Tout Apprendre / Cours « Choisir et utiliser la typographie-Tout pour connaître, reconnaître, choisir et utiliser un caractère typographique » / David Rault
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_Vox-Atypi
  • Manuel de Typographie et de mise en page, François Richaudeau, Éditions RETZ, 1989
  • Manuel de Typographie Française élémentaire, Yves Perrousseaux, Atelier Perrouseaux, 1995
  • Le petit manuel de composition typographique, version 3, 7eme tirage, Muriel Paris, 2021